La directrice exécutive du Réseau des défenseurs des droits humains en Afrique centrale (Redhac) évalue la situation des droits de l’homme au Cameroun en particulier et en Afrique centrale en général, en ce jour de célébration de la journée internationale y relative.

Madame la directrice, 10 Décembre 2019; 71e Journée Internationale de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, 71 ans après, ou en sommes-nous ?

Le 10 décembre, le monde entier célèbre la journée Internationale des Droits de l’Homme qui consacre la volonté de tous les peuples et toutes les nations à développer le respect des droits et libertés des individus par l’enseignement et l’éducation. 71 ans plus tard où en sommes-nous? Sur ie plan Africain, les Etats parties de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA) et ensuite l’Union Africaine (UA) adoptent la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) le 21 Octobre 1986 et la plupart des pays (en Afrique Centrale) se sont dotés des constitutions dont le préambule consacre l’attachement aux libertés fondamentales et aux Droits Humains tels qu’inscrit dans la déclaration Universelle des droits humains. La Constitution de la République du Cameroun est un exemple.

Qu’est ce qui cloche avec tout cet arsenal juridique international, régional et national ?

Les risques sécuritaires depuis plus de 10 ans depuis 2010, à l’Est du Cameroun, les coupeurs de route qui viennent des rebelles de la Seleka, anti balaka et autres groupes armées de la RCA. Depuis 2013 à l’Extrême-Nord avec de nombreuses attaques terroristes de la secte Boko Haram qui ont fait de milliers de morts, de déplacés internes, exilés, des pertes économiques remarquables. Au Nord-Ouest et Sud-ouest, la crise socio politique qui s’enlise avec les ambazoniens, les forces de défense et la prolifération des groupes armés divers et variés.

L’absence de volonté politique pour la mise en œuvre des instruments. On peut citer en autres: la loi antiterroriste n° 2014/028 du 23 décembre 2014 qui devient une épée de Damoclès pour tous les défenseurs des Droits Humains, activistes et journalistes; Le régime de déclaration pour les manifestations transformé en régime d’autorisation; La Charte Africaine sur la Démocratie, les Élections et la Gouvernance (CADEG) qui puise sa force à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Cette absence de volonté politique des pays de l’Afrique Centrale en général et pour le cas particulier du Cameroun a provoqué de nombreuses violations des Droits Humains, des libertés fondamentales et autres exactions des Droits Humains.

Quel rapport avec. la mal gouvernance ?

On note: des milliers d’arrestations et détentions arbitraires, des centaines d’exécutions sommaires et/ou extrajudiciaires, des menaces et autres représailles à l’encontre des Défenseurs des Droits Humains; les disparitions forcées des défenseurs des Droits Humains et des civils; des milliers de déplacés internes et réfugiés; des décapitations des forces de sécurité. À toutes ces violations des droits civils et politiques s’ajoutent la mal gouvernance démocratique, l’absence d’un Etat de droit où on peut observer la non séparation des pouvoirs effective, la corruption, la montée du grand banditisme et le chômage ambiant des jeunes, sans oublier la dégradation de l’environnement et la question de santé publique. 71 ans après l’adoption de la Déclaration Universelle Droits Humains (DUDH), la restriction de l’espace civique et publique est effective et à déplorer.

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En conclusion, vous estimez qu’il faille des textes plus contraignants envers les Nations ?

Il est urgent que les Nations Unies pensent aux nouveaux instruments plus contraignants afin d’amener les pays membres à se conformer au préambule de la Déclaration Universelle des Droits Humains (DUDH) ainsi libellée L’Assemblée générale proclame la présente Déclaration universelle des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus’et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l’esprit, s’efforcent, par l’enseignement et l’éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d’en assurer, par des mesures progressives d’ordre national et international, la reconnaissance et l’application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mémes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction». (Préambule de la Déclaration).