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Un Libérien acccusé de crimes de guerre arrêté à Berne

Un Libérien accusé de crimes de guerres a été arrêté à Berne. Il vivait depuis plusieurs années en Suisse

Alieu Kosiah, accusé de crimes de guerre durant le conflit qui a dévasté le Libéria entre 1989 et 1996, a été arrêté à Berne le 10 novembre dernier. Le Ministère public de la Confédération (MPC) a confirmé vendredi à l’ATS avoir ouvert fin août une instruction pénale à l’encontre du Libérien, soupçonné d’avoir commis ou commandité «des meurtres de civils, un viol ainsi que des actes visant à réduire la population en esclavage et à la terroriser».

Un groupe de sept victimes vivant au Liberia a alerté le MPC et porté plainte, en Suisse, contre l’ancien commandant, réfugié en Suisse depuis plusieurs années. Représentés par l’organisation basée à Genève Civitas Maxima, qui documente les crimes commis durant la guerre civile au Liberia, les plaignants l’accusent d’avoir perpétré des massacres de civils dans le district de Lofa, entre 1993 et 1995.

Alieu Kosiah était à la tête du Mouvement de libération pour la démocratie (ULIMO), qui régnait sur ce territoire du nord-ouest du Liberia. Sa milice rebelle se battait contre Front national patriotique du Libéria (NPFL) dirigé par l’ancien président libérien Charles Taylor, lui-même condamné en 2012 devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone, à la Haye, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Alieu Kosiah est le second chef de guerre poursuivi en Europe. Quelques semaines plus tôt, la Belgique arrêtait Martina Johnson, commandante de l’unité d’artillerie du (NPFL) de Charles Taylor. «Cette seconde arrestation marque un moment décisif car c’est la toute première procédure contre un commandant ULIMO et elle renforce la demande des libériens pour que la justice soit impartiale vis-à-vis de toutes les victimes», indique Civitas Maxima dans un communiqué vendredi. L’organisation avait également documenté les accusations à l’origine de cette première arrestation.

Le Libéria a été en proie durant plus de dix ans à deux guerres civiles consécutives (1989-1996 et 1999-2003), causant la mort de 150 000 à 300 000 personnes, selon les estimations. Malgré la création d’une «commission vérité et réconciliation», en 2009, «les autorités libériennes ont fait très peu d’effort pour enquêter et poursuivre les crimes commis», indique encore Civitas Maxima.