Tir en battue du sanglier: arme, calibre, tir, définir le trio gagnant

Mis à jour le 22 mai 2020
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Le tir à balle en battue ne s’improvise pas, tout comme l’on ne devient pas “ une bonne carabine ” du jour au lendemain. C’est une somme d’expériences pratiques et techniques qui fait qu’un chasseur finit par réussir ses tirs. Cela passe par la réflexion sur le choix d’une arme, d’un calibre et d’une technique de tir.

Avez-vous déjà compté combien de balles sont tirées lors d’une battue, et combien d’animaux sont finalement au tableau ? La moyenne nationale est de six à huit balles par grand animal prélevé. Cela fait peu de (jolis) coups de carabine en pleine course ou au saut du layon, et souvent ce sont toujours les mêmes chasseurs qui réalisent le tableau. Régulièrement, ces choses ne sont pas dues au hasard. Le choix et la connaissance du couple arme et munition utilisées forment un tout qu’il faut savoir apprivoiser au même titre que la technique de tir, qui doit être le fruit d’une réflexion et d’une pratique du chasseur avant d’être totalement assimilée.

Arme lisse et point rouge ?

La mode est au tir à la carabine rayée mais on peut très bien réussir en battue avec un fusil lisse que l’on maîtrise. Leur tir est souvent plus sécurisant, surtout avec des slugs qui s’écrasent sans ricocher, notamment dans les zones périurbaines ou lorsque la végétation est très dense. Tout est question de biotope et de distance de tir, car jusqu’à 50 m, un fusil lisse, muni d’une balle minutieusement choisie, est efficace. L’énergie libérée à 50 m pour un calibre 12 est suffisante pour tuer proprement un grand animal comme le chevreuil ou le sanglier. Mais attention, il faudra avoir testé le couple balle/fusil avant la battue car les balles pour canon lisse ont une fâcheuse tendance à se disperser.

Ceux qui recherchent de la précision pourront y ajouter un viseur point rouge qui se fixe sur la bande de visée, tel le petit Aimpoint Micro S 1. La précision devient alors remarquable avec des balles, et ce point rouge reste facilement utilisable pour le tir à la grenaille.

Une autre solution, financièrement abordable, consiste à utiliser un fusil « mixte » comme, par exemple, le Winchester SX4. C’est un semi-automatique sur lequel est monté un rail Cantilever pour y fixer facilement un point rouge ou une lunette de battue. On le choisit avec deux canons, un lisse pour la chasse du petit gibier, et un rayé spécialement conçu pour tirer les nouveaux slug sabots Winchester XP3 en 12 magnum. Le slug sabot épouse le pas de rayure du canon, vitesse, puissance et précision sont ainsi décuplées, ce qui permet, en théorie, d’utiliser le fusil jusqu’à 100 m, et avec trois cartouches.

Quelle arme rayée en battue ?

Pour les chasseurs qui veulent avoir la possibilité de doubler rapidement sans avoir à réarmer, une carabine double express ou une semi-automatique est quelquefois préférable à une arme à verrou, car elle permet un doublement du coup immédiat.

En effet, pendant que le tireur néophyte réarme sa carabine à verrou, il perd de vue momentanément le gibier qui se défile en sous-bois pendant qu’il se concentre sur le réarmement. Les carabines à culasse linéaire sont très prisées mais leur utilisation avec rapidité nécessite beaucoup de pratique avant de devenir efficace.

Quel calibre choisir ?

Pour une carabine à verrou, le calibre 9,3x 62 peut faire figure aujourd’hui de calibre de battue par excellence, particulièrement stable et précis. En cas de blessure non instantanément mortelle, ce qui est fréquent en battue, il sera, d’une façon générale, très efficace et provoquera des blessures graves permettant la recherche au sang. De plus, le choix de projectile est très important.

Pour une carabine basculante, le 9,3x 74 R est l’équivalent du 9,3 x 62 pour les armes basculantes. C’est un excellent calibre pour la battue, particulièrement sur des sangliers, mais il fera des dégâts importants sur la venaison du chevreuil. Le 8x 57 JRS est un excellent calibre intermédiaire, bien adapté à tous nos gibiers. Il était un peu passé de mode mais fait son grand retour. Le 7x 65 R est un calibre universel, mais il manque un peu d’épaisseur pour les grands animaux massifs.

Il existe également des calibres magnum comme le 7 Remington magnum et le 300 Winchester magnum qui sont polyvalents. Ils ont été conçus pour libérer beaucoup d’énergie à grande distance mais -qui peut le plus peut le moins -ce sont des calibres également redoutables pour le tir de battue.

Enfin, on citera le nouveau 8,5 x 55, que la firme Blaser vient de sortir pour les carabines compactes aux canons courts, qui permet de chasser idéalement en battue. Ce calibre a l’avantage d’être « silencieux » avec un recul contenu. Malgré tout, il permet des performances qui ne pourraient normalement être atteintes qu’avec des canons plus longs. Avec des balles de 8,5 mm de diamètre, l’effet de choc est important ; Blaser a sorti ce calibre avec deux balles, l’une avec plomb : la Nosler Accu Bond de 11,7 g, l’autre sans plomb : la Barnes TTSX de 12 g.

Quelles corrections ?

Sur le terrain, au moment de la présentation du tableau de la journée de chasse, nous avons tous pu constater que les animaux sont souvent touchés trop en arrière, le pire étant évidemment les balles de panse, estomac ou de cuisseaux. À l’inverse, rares sont les balles placées trop en avant. Car, contrairement aux idées reçues, le tir en mouvement avec des armes rayées nécessite de faire des corrections en avant.

Ces corrections sont impératives et deviennent importantes sitôt que l’animal de chasse se met à se défiler très vite… ou très importantes s’il est en pleine course et loin. Une correction de 80 cm à 80 m n’est pas exagérée. Au trot moyen, retenez la règle des 1 % de correction, soit 20 cm à 20 m, 50 cm à 50 m, 80 cm à 80 m. Là encore, l’erreur la plus fréquente est le geste arrêté ou, à l’inverse, le swing trop prononcé. Dans les deux cas c’est une mauvaise balle sur le sanglier qui se dérobe. La vitesse régulière du mouvement du canon est très importante, avec tout au plus une légère accélération au moment du lâcher de la balle. Au tir à balle, deux erreurs sont à bannir : l’arrêt du canon et le swing exagéré. Il faut toujours imaginer que nous n’avons qu’une unique cartouche dans notre chargeur ; le jugement doit être parfait, toucher ou rater, telle est l’unique question !.

En tir de chasse, l’expérience l’emporte sur tous les dispositifs de visée. Un « bon fusil » est avant tout une personne qui a acquis des connaissances empiriques.

L’aide optique avec une arme à canon lisse peut nettement changer la donne sur le terrain. Ici, avec un Aimpoint S 1 sur un modèle superposé.

Dernièrement, de nouveaux calibres spécifiquement dédiés aux canons courts sont arrivés sur le marché, comme le 8,5x 55 Blaser.

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