Insee Analyses Guadeloupe · Janvier 2023 · n° 63

En Guadeloupe, un quart des jeunes de 15 à 29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation

En moyenne, entre 2015 et 2019, en Guadeloupe, 27,3 % des jeunes âgés de 15 à 29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation, soit environ 16 900 jeunes en situation de NEET (acronyme anglais de not in employment, education or training). C’est deux fois plus qu’au niveau national. En Martinique, la situation est similaire (25,6 %), alors que la part de NEET est plus importante à La Réunion et en Guyane (respectivement 30,2 % et 36,7 %). Ces écarts s’expliquent principalement par une offre d’emploi limitée dans ces régions en lien avec l’exiguïté du territoire et l’étroitesse du marché économique.

Parmi les 15-29 ans, les hommes sont plus souvent en situation de NEET (28,6 %) que les femmes (25,9 %). C’est l’inverse en France métropolitaine où les femmes sont plus souvent en situation de NEET que les hommes : 14,3 % pour les premières et 12,3 % pour les derniers.

L’âge, en particulier parce qu’il est lié à l’arrêt progressif des études, influe fortement sur le nombre de jeunes en situation de NEET. Ainsi, si 8,3 % des jeunes âgés de 15 à 19 ans sont sans emploi ni formation, ils sont 38,4 % chez les 20-24 ans et 43,7 % chez les 25-29 ans (figure 1). Au niveau national, cette évolution est plus contenue (de 5,7 % chez les 15-19 ans à 18,1 % pour les 25-29 ans).

Parmi les NEET âgés de 15 à 29 ans, 56,6 % sont en situation de chômage au sens du BIT. Leur recherche d’emploi se caractérise par des démarches actives incluant l’étude des annonces d’offres d’emploi, des demandes à l’entourage, ou encore la prise de contact avec Pôle emploi. En France métropolitaine, un NEET sur deux est au chômage.

Les 43,4 % de jeunes restants sont composés d’inactifs hors études et formation. 22,5 % se retrouvent à la frontière de l’inactivité et du chômage (halo autour du chômage). La plupart d’entre eux (19,8 % des NEET) souhaitent un emploi mais ne réalisant pas de démarches actives (qu’ils soient disponibles ou non). Les autres (2,7 %) recherchent un emploi mais ne sont pas disponibles pour travailler dans les deux semaines. Enfin, les inactifs hors halo (20,9 % des NEET) sont les plus éloignés de l’emploi. Ils déclarent ne pas souhaiter travailler (pour s’occuper d’enfants, des problèmes de santé, etc.).

La situation des NEET est très variée. Le sexe, la situation familiale, le niveau de diplôme ou encore l’origine sociale sont les principaux facteurs qui déterminent la situation des jeunes sur le marché du travail. En outre, leur insertion professionnelle est diverse, marquée notamment par des épisodes d’alternance, plus ou moins longs, entre emploi et chômage. Ainsi, un jeune peut être NEET de façon temporaire, régulière (entre deux emplois successifs) ou durable. Quatre profils se distinguent sur le territoire guadeloupéen (figure 2).

Ce premier profil, dont la proportion est la plus élevée parmi les NEET, se caractérise par une majorité de jeunes peu ou pas diplômés vivant au sein du foyer parental. Un NEET sur deux est dans ce cas. Parmi eux, 73,8 % ont entre 15-24 ans et les hommes y sont surreprésentés. Ces jeunes peinent à gagner leur autonomie, 43,3 % sont des chômeurs de longue durée (plus d’un an).

Dans cette catégorie, trois NEET sur dix n’ont aucun diplôme ou uniquement le brevet des collèges et sept sur dix détiennent un diplôme professionnel (CAP, BEP) ou un baccalauréat.

De fait, rester au sein du domicile parental peut être une manière de se protéger de la précarité. Ainsi, plus généralement, les taux de cohabitation sont nettement plus élevés pour les jeunes en situation de chômage (60,2 %) et les étudiants (89,1 %), qui sont très souvent sans revenu. De même, habiter chez ses parents est plus fréquent pour les jeunes quel que soit leur âge (81,4 % des 15 à 24 ans et 42,1 % des 25 à 29 ans), en partie du fait de taux d’emploi plus faibles.

Ce profil identifie les jeunes diplômés en difficulté d’insertion au marché du travail. Ils représentent un NEET sur cinq. Ces jeunes peuvent être NEET de façon temporaire, l’obtention du niveau de diplôme facilitant l’insertion professionnelle. Dans ce profil, 64,4 % des jeunes ont un diplôme d’études supérieures (contre 14,8 % dans l’ensemble des NEET) et 50,2 % sont en recherche d’emploi depuis moins d’un an. Pour autant, parmi eux, un quart se déclare inactif et un autre quart recherche un emploi depuis un an ou plus. Cette situation peut s’expliquer par l’inadéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail, avec des jeunes qui se sont orientés vers des métiers ne correspondant pas ou plus aux offres disponibles (pour en savoir plus).

Ce profil est le plus mixte de tous avec une quasi-égalité entre hommes et femmes. L’âge moyen est de 25 ans. Les personnes de ce profil vivent plus en couple (26,8 %) ou seules (16,1 %) par rapport aux autres profils. Néanmoins, 46,1 % n’ont pas quitté le domicile parental.

Le profil des « Jeunes parents » représente un NEET sur quatre : il est composé principalement de femmes (95 %). Dans ce profil, près de trois personnes sur quatre ont entre 25 et 29 ans. Les jeunes de ce profil sont moins diplômés que l’ensemble des NEET : seuls 5,3 % sont diplômés du supérieur contre 14,8 % dans l’ensemble des NEET. Leur faible niveau de diplôme et les responsabilités parentales peuvent expliquer leurs difficultés à s’insérer sur le marché du travail, cependant, ce sont en majorité des personnes en recherche d’emploi (76,7 % contre 71 % de l’ensemble des NEET).

Le sous profil des mères isolées se distingue (62,4 % des individus du profil). Vivre et assurer seul la charge des enfants a de nombreuses conséquences sur la vie de ces familles. En particulier, celles qui ont moins de 30 ans et qui sont sans emploi, cumulent les risques de pauvreté et de difficultés d’insertion professionnelle qui les fragilisent sur le plan socio-économique. Plus généralement, en Guadeloupe, les familles monoparentales avec une mère à leur tête sont surreprésentées (neuf familles sur dix).

Ce profil ne représente que 3,4 % des NEET, mais il permet de mettre en lumière la situation des jeunes vivant hors d’un logement ordinaire et très éloignée du marché du travail et de la société. Au sein de ce groupe minoritaire, composé à 95,0 % d’hommes, on retrouve essentiellement des jeunes ayant des parcours de vie marginaux et dans une moindre mesure des problèmes de santé. Ils vivent majoritairement dans un centre pénitencier (79,3 %).

Le fait de vivre hors du cadre familial traditionnel les éloigne, voire les écarte, de la formation et de l’emploi. En effet, 94,2 % d’entre eux se déclarent inactifs (et les trois quarts de ceux qui vivent hors centre pénitencier) contre 26,9 % pour l’ensemble des NEET. De plus, 72,2 % sont sortis précocement du système éducatif, c’est-à-dire qu’ils sont sans diplôme ou diplômés seulement du brevet des collèges. Des politiques ont été mises en œuvre pour vaincre le décrochage scolaire et ont été mises à disposition au niveau local (encadré).