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La justice progresse en République centrafricaine

L’arrestation d’un ex-chef des milices est un pas en avant

Le 12 décembre, Patrice-Édouard Ngaïssona, de son propre aveu ex-coordinateur politique des milices anti-balaka, a été arrêté en France en vertu d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI). Avec cette arrestation, les perspectives de justice pour les crimes les plus graves commis durant la plus récente crise en République centrafricaine marquent un pas en avant.

Les décombres d’une église pentecôtiste incendiée à Zéré, en République centrafricaine. Des centaines d’habitations et de lieux de cultes chrétiens et musulmans ont été détruits dans cette ville lors d’une série d’attaques menées par les forces ex-Séléka ainsi que par des combattants anti-balaka. 4 novembre 2013. © 2013 

Les milices anti-balaka ont été impliquées dans de graves abus durant le conflit de 2012, notamment des attaques et des meurtres de civils suspectés d’avoir collaboré avec les rebelles de la Séléka.

Ngaïssona est accusé par la CPI d’être responsable de meurtre, déportation, emprisonnement, torture et autres crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis dans l’ouest de la République centrafricaine entre décembre 2013 et décembre 2014.

Détenu en France, où il a été arrêté par les autorités en coopération avec la CPI, Ngaïssona est le second ex-chef de milice anti-balaka à être arrêté en un mois, à la suite de la récente enquête de la CPI en République centrafricaine. Une première enquête de la CPI dans le pays, concernant des exactions commises en 2002 et 2003, n’avait abouti qu’à une inculpation, et s’était soldée en juin dernier par un acquittement. Human Rights Watch avait critiqué l’absence d’autres poursuites dans le cadre de cette première enquête, et avait exhorté le bureau du procureur de la CPI à lancer des poursuites représentatives des crimes commis afin de rendre justice de manière significative.

Dans cet objectif, il sera essentiel que des poursuites soient également lancées contre des individus appartenant à toutes les parties au conflit. En particulier, les Séléka et ex-Séléka sont impliqués dans des abus généralisés, dont certains continuent encore, et la CPI n’a pour l’instant annoncé aucune poursuite contre des individus appartenant à ces groupes. Comme nous l’avons déjà vu, poursuivre uniquement des individus appartenant à un côté du conflit peut causer d’énormes problèmes.

L’arrestation de Ngaïssona est bienvenue. En République centrafricaine, beaucoup le pensaient intouchable du fait de son poste au sein du comité exécutif de la Confédération africaine de football. Mais la nouvelle de son arrestation devrait être un avertissement pour les auteurs des crimes les plus graves dans le monde entier : même des personnalités haut-placées peuvent être amenées à rendre des comptes pour leurs exactions.

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Dans les médias

Le Monde   Jeune Afrique

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