Trophée des plumes 2023 - ( La révolution intellectuelle )

Jubril - Djibril Coulibaly

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La révolution intellectuelle.
Toute révolution qui se précipite, ou se calque sur un modèle donné, sans tenir compte de certaines caractéristiques de son environnement, ne crée que de pauvres martyres et de glorieux révolutionnaires posthumes. Une révolution, c'est un processus conscient, mené sur une durée considérable en fonction des besoins et aspirations d'un environnement spécifique.

Sujets

Revolution

Histoire intellectuelle

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Afrique

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Publié par	Jubril
Publié le	07 mai 2023
Nombre de lectures	531
Langue	Français

Extrait

La révolution intellectuelle.<<Jeeee, je, je dis que. Tu dis quoi ? Parle. Mmm, moi j'ai fff, foi. Quelle foi même ? À un chaaaangement de,de game-1. Donc Les môgôs-2vont créer leur mouvement, et puis, nous on sera yêrê-3qu'eux quoi ? Tu cours dans sac-4champion walay-5! Tu ne me lai, laiss, laisse pas aaaaller au b, au bout!>> Tidiane et Boris, dans un débat sans modérateur ni modération. Tidiane bègue, les mots arrivent difficilement sur ses lèvres, ajouter à cela les railleries de Boris l'interrompt dans ses prises de parole. Il galère pour étayer ses arguments et l’atmosphère semble l’agacer, jusqu'au point d'en arriver aux poings. Ici ; sous notre arbre à débattre, s'exprime qui peut et sait se faire entendre. Les arguments seuls ne suffisent pas, il faut se tenir debout, interrompre son interlocuteur, pour hurler tes d'idées. À l'ombre d'un Ficus ; sur le trottoir du Boulevard Valéry Giscard d'Estaing, à vingt-cinq mètres du feu tricolores du palais des sports de Treichville. Un vieux siège de véhicule a même le sol, deux bancs, une petite table ; la dessus est posé une machine de lotto. Par terre, trainent des tickets lotto perdants, qui ne nous dissuadent "même pas" de nos tentatives hasardeuse de futurs millionnaires. Les après midi, quand le djassa-6est calme, on s’attrape là pour débattre de rien et de tout. Nos débats habituels, dépourvus d'intérêt pour nous se raréfiaient. Les récents conflits diplomatiques, la situation politique, économique, sociale du monde et sa répercussion sur l'Afrique, s'étaient chargés de modifier nos sujets de discussion. Au lieu du Football européen, les techniques illusoires de calcul de pions lotto, la fortune des stars, les bad buzz des réseaux sociaux. Les discussions s'articulaient de plus en plus autour de l'Afrique, sa politique, son autonomie (économique, alimentaire), sa place (rôle) dans ce monde du troisième millénaire. Des sujets qui donnaient matière à réfléchir ; les armes éternuaient à mille lieues et c'est nous, qui payons cher le prix du pain. Désormais, on se suggérait des alternatifs au blé importé pour la fabrique de notre pain quotidien, pourquoi même consommer du pain au lieu du baka ? Lentement, mais sûrement, la jeunesse africaine se réveille et -7 s'évertue à s'éveiller autour d'informations utiles. Les déboires de l'immigration clandestine, le racisme des Africains sur des Africains en Afrique, ont fini par créer une ambiance revolutionnaire sous notre arbre à débattre. Sous l’arbre, soufflait un vent nouveau, un vent révolutionnaire.

Il faut que ça bouge, il faut donner à l'Afrique la place qu'elle mérite. Il faut impérativement, une révolution pour rétablir l’ordre, refaire le système. Comment mener la révolte ? Les avis divergeaient. Pendant que, certains défendent une révolution par la méthode forte, du radicalisme pur, sans coopération, ni partage. D'aucuns n'espèrent plus rien, pour l'Afrique le "game over""C'est gaté" on n'y peut rien. Et ; il y a Tidiane très optimiste, qui croit fermement en une révolution intellectuelle, qu'il faudrait ranger les autres méthodes, pour tenter une nouvelle approche, une confrontation intellectuelle."Mais vous là oh, vous criez-criez tous en même temps, qui écoute qui ? Parlez un à un ou bien ? " N'eut été l'intervention d'un vieux môgô-8, Boris nous aurait privé du développement des idées de Tidiane. Faute de moyen, l'école de Tidiane a été court-circuitée, mais il n'a jamais baissé les bras, il la poursuivit et la poursuit à travers la littérature. Au début, lire des romans, des ouvrages d'histoire, la négritude, les essais, était une nécessité pour rester au contact de l'éducation et du savoir. Au fil des lectures et le temps, son auto-éducation s'est transformée en une passion. Tidiane ne cadre pas, dans les clichés où sont rangés les gens de son domaine d'activité, les "Djassamans-9"(qu'on pense non éduquer, illettrés, sans culture, etc..) Il organise son temps entre son business, les conférences, des ateliers de formations, des événements culturels. Au bout de ses efforts, il s'est forgé une carapace intellectuelle remarquable. Quand il a son calme, Tidiane s'exprime sans bégaiement. Je sais, que c'est de l'utopie pour beaucoup, mon concept de révolution intellectuelle, surtout toi Boris. Vous trouvez que c'est trop lent, on doit aller vite rattraper le retard, mais quel retard ? Retard par apport à qui ? Qu'on ne devrait pas coopérer, on doit combattre par la force pour s'imposer. Sachez que, toute révolution qui se précipite, ou se calque sur un modèle donné, sans tenir compte de certaines caractéristiques de son environnement, ne crée que de pauvres martyres et de glorieux révolutionnaires posthumes. Une révolution, c'est un processus conscient, mené sur une durée considérable en fonction des besoins et aspirations d'un environnement spécifique. "Mon petit, tout ce que tu parles là, c'est pour parler quoi ?" Un doyen, que Tidiane semblait séduire, il l'écoutait avec beaucoup d'attention.

Le vieux, qu'on se mette à chercher, les vrais problèmes à résoudre. Au lieu d'imaginer des révolutions à coup de baguette magique. Le monde entier est unanime, que l'Afrique a toutes les richesses matérielles, nécessaire à son développement. Et ce même monde entier encore est unanime, que le problème de l'Afrique n'est pas matériel mais, plutôt un problème mental. Alors, pourquoi chercher loin ? Révolutionnons simplement notre mentalité. Boris regagne notre attention "Toi quand je t'écoute walay je ris seulement, les gens créent un système pour nous mettre dedans, tu vas écouter leur diagnostique encore pour trouver solution, alors le rêveur aux beaux discours, qu'est ce qu'on a comme outils pour réaliser tes rêveries-là ? Je suis curieux de savoir." Pas que j'écoute leur diagnostique, quand tu regardes, qu'est ce que nous manquons matériellement ? Et leur système que tu accuses, c'est par la connaissance des choses, que nous meprisons ou ignorons qu'ils nous maintiennent dedans. Les outils ne nous ont jamais manqués, les outils qui ont servi pour nous mettre dans le système, que tu accuses sont intellectuels. Alors il va falloir réagir de façon intellectuelle, remettre tout en question, chercher à s'informer dans les écrits, des.... "Oooh!! Je savais qu'on allait en arriver là, ton affaire de livre là. S'il te plaît épargne moi de tes solutions livresque là. Restons dans la réalité." encore Boris. Tu m'étonnes Boris, toi ; qui ne manques jamais d'occasion de nous rappeler ton niveau d'instruction. Tu dois quand même savoir l'importance de la littérature dans une société. Même aux ères les plus reculé que la nôtre, la littérature a été un maillon-clé des changements. Tu ne brandirais pas si fièrement ton instruction sans la littérature ? J'ai honte de recourir à cette expression bien connue, mais face à ta réaction, je n'ai vraiment pas le choix "La meilleure façon de cacher quelque chose à un noir, est de le mettre dans un livre" Eh oui mon cher Boris, des siècles durant, beaucoup de choses nous ont été cachés dans des livres, je dirai que même de nos jours, surtout avec les gens comme toi (rire de l'assemblé). Des choses que d'imminents écrivains s'attèllent depuis les années 1950 à nous révéler. Des choses, que nous

avons ingurgité sans questionnement, sont remises en question par des écrivains qui se sont assignés la tâche de nous restaurer, nous mettre face aux vérités contrefait. À travers des méthodes, de recherche scientifique dénudées du fanatisme racial, nos cultures enfoui émergent des pages, des écrits qui ressuscitent notre intérêt pour nos cultures. Tu vois vieux môgô, s'adressant à moi, ajouter à l'effort des écrivains, jeeeee, jeeee je pense que si nous nous mettons à lire, à s’éduquer individuellement, on finira par créer une synergie intellectuelle qui, sera le socle de notre reee reee revooo révolution intellectuelle. Tidiane n'a pas reçu d'ovation, mais son discours sonna la fin de notre débat du jour. 17H42, les derniers parieurs de lotto bonheur envahissaient notre agora, il fallait leurs céder l'arbre. Tidiane et Boris continuaient la discussion, en quittant le trottoir du Boulvard Valery Giscard d'Estaing, à vingt-cinq mètres du feu tricolores du palais des sports de Treichville. Là, où on s'attrape pour débattre de rien et de tout. Informations complémentaires sur les mots Nouchi.1- Game - État d'esprit, mentalité 2- Môgôs - Des hommes 3- Yêrê - Civilisé 4- Courir dans sac - Effort futile 5- Walay - Jurer 6- Djassa - Un marché d'appareils electronique 7- Baka - Bouillie de mil 8- Vieux môgô - Un grand frère 9- Djassaman - Un Vendeur dans le djassa