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Cameroun : la mort d’une fillette fait craindre une nouvelle poussée de violences en zone anglophone

Caroluise Enondiale, 4 ans, a été tuée par un gendarme alors qu’elle se rendait à l’école à Buea, dans une région éprouvée par quatre années de guerre civile.

Par  (Buea, Cameroun, envoyée spéciale)

Publié le 18 octobre 2021 à 18h00, modifié le 18 octobre 2021 à 20h58

Temps de Lecture 6 min.

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Edmond Ntungwe, oncle paternel de Caroluise Enondiale, montre un photo de la fillette sur son téléphone portable.

Mike voyait chaque matin « la belle petite Caro partir à l’école ». Quand il a serré dans ses bras son cadavre, « elle n’avait presque plus de tête », dit-il en effleurant sa vieille casquette : « La balle tirée par le gendarme avait emporté une partie de ses cheveux, de son cerveau. »

Caroluise Enondiale avait 4 ans. Jeudi 14 octobre, elle a été tuée alors qu’elle se rendait à l’école en voiture à Buea, chef-lieu de la région du Sud-Ouest, au Cameroun. Le gendarme qui a tiré sur elle a été lynché à mort. Un drame qui fait craindre une nouvelle poussée de violences dans cette région anglophone plongée dans la guerre civile depuis 2017.

Toute la journée, le « petit corps incomplet » de la fillette a été porté par la foule à travers Buea. Du bureau du gouverneur aux principaux carrefours, des heures durant, la ville « a marché, pleuré, chanté de rage, crié de colère, appelé Dieu notre père », témoigne Mike, qui se présente comme un ami de la famille. « C’était comme la fin du monde. Je n’avais jamais vu ça. »

Dans la maison de famille, un oncle de Caroluise, Edmond Ntungwe, a les yeux rivés sur le téléphone où s’affiche la photo d’une fillette souriante en uniforme rose et blanc, cartable sur le dos et gourde accrochée au cou. « Hier matin [mercredi], Nunume disait encore au revoir dans cette cour, confie-t-il en pointant un espace ombragé. Elle partait avec ses sœurs et sa mère pour l’école catholique. »

Sebastien Suh Kubri, le chauffeur du véhicule et ami de la famille a confié au Monde Afrique sa version des faits. Il explique que ce jeudi-là, comme chaque matin depuis la rentrée des classes, il est passé récupérer Lisette, la mère et les trois fillettes à 7 h 30. A cause d’un embouteillage sur la route principale, il a emprunté un chemin secondaire. Alors qu’il entamait une descente, un taxi a pilé brusquement devant lui. Deux gendarmes en sont sortis.

« Ils m’ont dit qu’ils m’avaient interpellé quelques jours plus tôt et que je ne m’étais pas arrêté », raconte le conducteur, âgé de 43 ans et père de deux fils. Tout en s’efforçant d’expliquer aux agents qu’il n’était pas en ville le jour dit et que les enfants assis à l’arrière risquaient d’arriver en retard à l’école s’il ne se dépêche pas, il affirme leur avoir « montrer tous [ses] papiers en règle ». Mais, les gendarmes auraient insisté pour qu’il vienne au poste avec eux. « Alors que j’étais en train de tourner, j’ai entendu un coup de feu, se souvient-il. Au même moment, Lisette qui était à l’arrière avec les trois enfants a crié : “Sebastian il a tué Caroluise !”. Je me suis retourné et j’ai vu du sang sur mon corps ».

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