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Nuit de violences à Bamako: le quartier "Badalabougou est en deuil"

Bourama Doumbia ne s'attendait pas à prendre une balle quand il est sorti voir ce qui se passait à sa porte, et à figurer parmi les blessés d'une nuit de violences à Bamako.

Au moins quatre civils ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;s par balles dans la capitale malienne au cours d'une deuxi&egrave;me journ&eacute;e et une nuit de heurts quasiment insurrectionnels, a dit &agrave; l'AFP un responsable hospitalier.
Les habitants du quartier de Badalabougou, parlent, eux d'un bilan beaucoup plus lourd.
Tout a commenc&eacute; samedi en milieu d'apr&egrave;s-midi dans ce quartier hupp&eacute; o&ugrave; vivent de nombreuses personnalit&eacute;s politiques et des expatri&eacute;s.C'est aussi le fief de l'imam Mahmoud Dicko, figure publique tr&egrave;s &eacute;cout&eacute;e et chef de file du mouvement de contestation qui r&eacute;clame un changement de pouvoir.
Vers 17H00 (locales et GMT), des manifestants se rendent devant le domicile de la pr&eacute;sidente de la Cour constitutionnelle, Manassa Danioko, l'un des personnages qui focalisent la col&egrave;re des Maliens.Les forces de s&eacute;curit&eacute; qui gardent la maison tirent des lacrymog&egrave;nes, puis des balles r&eacute;elles.
Toro, fils du gardien de l'&eacute;cole du quartier, tombe &agrave; une cinquantaine de m&egrave;tres de la maison de Mme Danioko.Le jeune homme est mort allong&eacute; dans la boue d&eacute;tremp&eacute;e par la grosse pluie du matin.
"Son corps est rest&eacute; plusieurs heures &agrave; g&eacute;sir par terre", dit Aboubacar Goimba, un jeune qui habite en face."La police est venue le r&eacute;cup&eacute;rer vers 22H00".
Une vid&eacute;o de ce jeune &eacute;tendu en jeans et tee-shirt rouge dans un mare de sang a beaucoup circul&eacute; sur les r&eacute;seaux sociaux, comme d'autres images&nbsp;tr&egrave;s explicites des violences.
Au m&ecirc;me moment, les premi&egrave;res d&eacute;tonations sont entendues &agrave; quelques centaines de m&egrave;tres de l&agrave;, &agrave; la mosqu&eacute;e de l'imam Dicko.
Plusieurs centaines de personnes s'y sont rassembl&eacute;es, rameut&eacute;es par la rumeur selon laquelle l'imam serait arr&ecirc;t&eacute; &agrave; son tour apr&egrave;s d'autres leaders de la contestation.

- Gu&eacute;rilla -

Les fid&egrave;les ont dress&eacute; des barricades dans le quartier pour prot&eacute;ger l'imam.Les forces de s&eacute;curit&eacute; ont pour consigne de d&eacute;gager les voies.Les frictions sont in&eacute;luctables et d&eacute;g&eacute;n&egrave;rent.
Bourama Doumbia, footballeur international malien de 22 ans qui faisait partie de l'&eacute;quipe U-23 lors de la derni&egrave;re Coupe d'Afrique des nations (CAN), sort voir ce qui se passe.C'est la d&eacute;bandade, tout le monde court, et lui re&ccedil;oit une balle dans la cuisse.
"Je n'&eacute;tais pas manifestant", dit Bourama Doumbia, allong&eacute; sur son lit, des pansements couvrant les orifices d'entr&eacute;e et de sortie du projectile.
Amen&eacute; &agrave; l'h&ocirc;pital du quartier, il y passe la soir&eacute;e."Il y avait une dizaine de bless&eacute;s par terre, deux personnes sont d&eacute;c&eacute;d&eacute;es devant moi".
Malgr&eacute; ses 22 ans, il &eacute;tait le plus vieux, disent ses proches.Dans le m&ecirc;me h&ocirc;pital est d&eacute;c&eacute;d&eacute; Sidi Ben Doumbia, 15 ans."Quel pays fait &ccedil;a &agrave; ses fils", demande Mody Doumbia, son oncle.&nbsp;
Sidi Ben Doumbia ne manifestait pas lui non plus, disent ses proches.Il habitait &agrave; quelques centaines de m&egrave;tres de la mosqu&eacute;e, comme Bourama Doumbia.
A la mosqu&eacute;e, la nuit tombe mais les sc&egrave;nes de gu&eacute;rilla urbaine continuent.Des renforts de forces de s&eacute;curit&eacute; sont arriv&eacute;s dans la soir&eacute;e, selon plusieurs t&eacute;moignages.
Un de leurs v&eacute;hicules est tomb&eacute; dans un caniveau dans la rue adjacente &agrave; la mosqu&eacute;e, il a fallu aux autorit&eacute;s faire venir un treuil pour le sortir en gardant &agrave; distance les manifestants."Si on approchait, ils nous braquaient une torche dessus comme avertissement", dit un de ceux qui &eacute;taient pr&eacute;sents mais ne veut pas &ecirc;tre nomm&eacute;.
Les d&eacute;tonations, entendues dans tout Badalabougou, retentissent jusque tard dans la nuit.Des vid&eacute;os de l'int&eacute;rieur de la mosqu&eacute;e montrent au moins deux hommes visiblement morts baignant dans leur sang et d'autres perfor&eacute;s par des projectiles.
Dimanche, le quartier s'est r&eacute;veill&eacute; groggy."Badalabougou est en deuil", dit Diab&eacute; Samoura, 30 ans.Des pri&egrave;res ont &eacute;t&eacute; organis&eacute;es &agrave; la mosqu&eacute;e pour les d&eacute;funts durant la matin&eacute;e.
Dans les rues adjacentes, de nouvelles barricades sont mont&eacute;es au m&ecirc;me moment, "au cas o&ugrave; la police revient".Le march&eacute; du quartier et les petits commerces sont ouverts, et le reste de la ville calme.L'imam Dicko appelle &agrave; la retenue.Impossible d'anticiper s'il sera entendu.

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